La section du Martyre de Radogoszcz est un lieu de mémoire dédié aux victimes de l’occupation allemande de la ville, ainsi que le plus grand musée de Łódź consacré à la Seconde Guerre mondiale.
Entre 1939 et 1945, l’ancien bâtiment de l’usine de Samuel Abbe servit d’abord de camp de transit, puis de prison pour les habitants du Wartheland qui enfreignaient les lois de l’occupant allemand. Dans la nuit du 17 au 18 janvier 1945, juste avant l’entrée de l’Armée rouge dans la ville, les Allemands liquidèrent le site, assassinant presque tous les prisonniers. Ils incendièrent la prison et placèrent une mitrailleuse devant l’unique sortie. Plus de mille personnes périrent dans ce massacre.
Le musée abrite une exposition permanente intitulée « Ils furent emportés par le feu… L’enfer de la prison de Radogoszcz à la lumière du destin de la population du Wartheland pendant la Seconde Guerre mondiale ». Cette exposition adopte une approche moderne d’un sujet particulièrement douloureux. Dans la première partie, on peut voir une maquette grandeur nature d’un tramway Lilpop, une table de café et des vitrines reconstituant les façades de magasins de l’époque de l’occupation. Les objets exposés montrent comment l’idéologie et la symbolique nazies tentaient de s’immiscer dans chaque aspect de la vie quotidienne — jusqu’aux assiettes, carafes ou vêtements.
La deuxième partie rappelle l’histoire des bâtiments industriels d’Abbe. Quelques coupures de presse, des photographies et une grande maquette du site à l’époque de l’occupation introduisent la partie la plus émouvante de l’exposition.
Dans la troisième salle, le visiteur découvre une cellule de prison reconstituée, des couchettes, une infirmerie et les silhouettes des bourreaux. L’exposition se conclut par deux salles consacrées au Massacre de Radogoszcz de 1945 — sa préparation, son exécution brutale et son tragique dénouement : la mort de plus de mille personnes, assassinées à la veille de la libération de Łódź. Cette exposition constitue aussi un hommage rendu par les générations contemporaines à toutes les victimes du site de Radogoszcz.
Dans la cage d’escalier rescapée de l’incendie du bâtiment, les visiteurs peuvent découvrir l’exposition temporaire « Mémoire des ruines », inaugurée en 2025. Grâce à l’image, au son et à la lumière, elle évoque les souvenirs de l’ancienne prison et rappelle les hommes emprisonnés ici, leurs émotions — la nostalgie de la famille, la peur du lendemain, l’espoir de la liberté. Une mémoire qui a vaincu le feu et le temps, subsistant parmi les ruines de la prison incendiée.
Le terrain du musée entourant les anciens bâtiments est également accessible gratuitement. Pendant l’occupation, il servait de place d’appel et de lieu d’exécutions. Aujourd’hui, une émouvante bas-relief sur la façade du bâtiment, les vestiges partiellement conservés des bâtiments incendiés et un sarcophage posé sur un tertre contenant la terre mêlée aux cendres des victimes rappellent cette tragédie.